Par Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l’Église. Sermon 167 ; CCL 248, 1025 ; PL 52, 636 (trad. Matthieu commenté, DDB 1985, p. 35 rev.)
« Jean Baptiste est venu à vous..., et vous n'avez pas cru à sa parole » (Mt 21,32)
« Jean Baptiste proclamait : ' Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche ' » (Mt 3,1)...
Bienheureux Jean qui a voulu que la conversion précède le jugement, que les pécheurs ne soient pas jugés, mais récompensés, qui a voulu que les impies entrent dans le Royaume et non sous le châtiment...
Quand Jean a-t-il proclamé cette imminence du Royaume des cieux ?
Le monde était encore en son enfance...; mais pour nous qui proclamons aujourd'hui cette imminence, le monde est extrêmement vieux et fatigué.
Il a perdu ses forces ; il perd ses facultés ; les souffrances l'accablent...; il crie sa défaillance ; il porte tous les symptômes de sa fin...
Nous sommes à la remorque d'un monde qui s'enfuit ; nous oublions les temps à venir.
Nous sommes avides d'actualité, mais nous ne tenons pas compte du jugement qui vient déjà.
Nous n'accourons pas à la rencontre du Seigneur qui vient...
Convertissons-nous, frères, convertissons-nous vite...
Le Seigneur, du fait qu'il tarde, qu'il attend encore, prouve son désir de nous voir revenir à lui, son désir que nous ne périssions pas.
Dans sa grande bonté il nous adresse toujours ces paroles :
-« Je ne désire pas la mort du pécheur, mais qu'il se détourne de sa voie et qu'il vive » (Ez 33,11).
Convertissons-nous, frères ; n'ayons pas peur de ce que le temps se fait court.
Son temps à lui, l'Auteur du temps, ne peut pas être rétréci.
La preuve en est ce brigand de l'Évangile qui, sur la croix et à l'heure de sa mort, a escamoté le pardon, s'est saisi de la vie et, voleur du paradis avec effraction, a réussi à pénétrer dans le Royaume (Lc 23,43).