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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 10:24

 (2) — Dès  que  l'enfant grandit,   il faut s'adresser  au sentiment chez lui.

 

L'amour qu'il porte à ses parents devient pour l'enfant un grand mobile  d'action.

 

Nous voyons que l'instinct, chez un être humain, disparaît peu à peu pour faire place au sentiment, à l'intelligence, à la raison.

 

L'enfant, en grandissant, sent et pense, prend des habitudes d'esprit et de cœur de plus en plus con­formes à celles de ses parents, à celles de son mi­lieu. Les actes, que l'enfant voit accomplir autour de lui et les sentiments qu'ils provoquent, les juge­ments qu'il entend porter sur les actes d'autrui lui donnent peu à peu l'habitude d'apprécier certains d'entre eux, d'en mépriser d'autres. Surtout l'attitu­de de ses parents envers lui, la satisfaction ou le mécontentement qu'ils lui témoignent suivant ses propres actions, lui apprenne à les juger bonnes ou mauvaises.

 

C'est le moment où l'enfant agit pour ressembler à ses parents; où le bien est pour lui de se confor­mer à leur désir, d'être semblable à eux — de pen­ser, de juger, d'agir comme eux.

 

Combien il est important, alors, pour les parents, d'apprécier, de juger bon ce qui est bien en soi et non ce qui leur procure à eux satisfaction! Combien ils agissent mal — sans le comprendre souvent — mal, car ils travaillent à détruire la conscience de leur enfant — quand ils approuvent ou que du moins ils ne condamnent pas des actes contraires à la probité, comme par exemple quand ils deman­dent pour leur enfants, des faveurs contraires à la simple justice. Quand ils les récompensent pour un succès mal acquis, ou les punissent lorsque, malgré leur travail, ils ne triomphent pas de certains ca­marades!

 

La droiture est une condition fondamentale pour le développement de la conscience.

 

Un constant souci des parents, une marque essen­tielle du respect de la conscience de leurs enfants doit être de les habituer à une parfaite droiture d'esprit et de cœur. N'oublions pas que le vrai est une forme du bien; que l'amour du vrai est par suite une des vertus naturelles, fondamentales sans lesquelles toutes celles qu'on prétend édifier ne sont qu"«hypocrisie», suivant la forte parole d'un mora­liste chrétien.

 

Là encore, les parents n'ont qu'à faire appel à la tendance naturelle qui porte l'enfant à imiter ses parents. Ne mentez pas devant un enfant; ne le trompez pas. Ne témoignez pas devant lui d'une par­faite insouciance de la sincérité, comme certains parents qui n'hésitent pas, quelquefois, à donner à leurs enfants le conseil de la dissimulation: «Tu ne diras pas à papa que j'ai fait telle chose... acheté tel objet». «Tu ne diras pas à maman que je t'ai dit telle chose... que je t'ai prêté tel livre». A ce régime, un enfant perd le sens de la loyauté. La dissimula­tion, la tromperie, le mensonge, la fraude, quelque­fois,finissent par lui apparaître comme des fautes vénielles.

 

Cette  manière   d'agir  est  une   erreur  très  grave de la part des parents et, sans doute, elle est très rare. Mais beaucoup pratiquent certaines habitudes qui leur sont commodes sur le moment, et dont ils ne prévoient pas les dangereuses conséquences. C'est l'usage des promesses et des menaces pour obtenir obéissance: « Si tu fais cela, tu auras... ce que tu réclames». ...«Si tu ne fais pas ce que je te dis, je te ferai punir par papa».

 

De deux choses l'une: ou bien les promesses, les menaces ne sont pas tenues. Alors l'enfant, bien vite, ne s'en soucie plus. Il perd le respect de la parole de ses parents; il s'habitue à ne pas les croire. Son sens du vrai, du juste — si vif chez les enfants — est émoussé. Sa conscience est faussée en même temps qu'il perd sa belle confiance naturelle en ses parents.

 

Ou bien, promesses et menaces sont tenues.Alors l'enfant s'habitue à agir ou à ne pas agir pour éviter une punition; le plus souvent pour obtenir ce qu'il désire. Il abuse bien vite du moyen mis à sa portée. Il « fait la mauvaise fête » pour obtenir ce qu'il veut. Cela devient une sorte de « chantage » plus ou moins conscient. L'enfant perd le sens de la droiture, de la loyauté. Sa conscience se pervertit. Son admiration pour ses parents est détruite.

 

Ne trompez jamais un enfant, au contraire; qu'il sente en vous l'amour du vrai, le souci de la vérité, et il conservera la sincérité, la spontanéité qui fait le charme de l'enfance. Sa confiance en ses parents croîtra avec le respect et l'admiration qu'ils lui inspireront, et il saura les trouver et se confier à eux aux heures où sa conscience sera en conflit avec un désir passionné.

 

Le manquement à la charité affecte le cœur et la conscience de l'enfant.

 

Une véritable épreuve pour la conscience d'un enfant qui sait, qui sent que l'on ne doit pas haïr est d'entendre ses parents — sa mère le plus sou­vent — témoigner de la rancune, de la haine con­tre certaines personnes avec lesquelles ils sont au­jourd'hui « fâchés ». Ces personnes, il les connaît, il les aime bien, puisque elles étaient des amis de ses parents. Et maintenant, il ne faut plus leur par­ler, plus penser à elles... « On est fâché». C'est tout bas, comme honteusement, sans nommer, sans accu­ser personne que l'enfant répond quand on lui parle d'elles. Il ne faut plus les connaître. L'enfant n'en demande même pas la permission, il sait qu'«il ne faut pas», puisque ses parents, puisque sa maman ne les connaît plus.

 

Pourtant, c'est mal d'être fâché contre les gens, d'en dire du mal, de les détester... Alors?... Alors, l'enfant ne comprend plus; il souffre dans son cœur; il souffre dans sa conscience.

 

Dans les familles vraiment chrétiennes, lorsque surviennent des « différents » avec des amis, avec des frères ou des sœurs, les parents cessent de se voir, de se considérer comme engagés par des liens d'amitié ou de parenté; mais, d'un commun accord, les enfants continuent à les connaître, à se connaître entre eux, à se considérer comme amis, comme cousins, à se fréquenter s'ils sont voisins.

 

Combien elles ont raison, ces familles, de ne pas troubler la conscience de leurs enfants en les obli­geant à méconnaître la sainte doctrine du Christ, doctrine de pardon et d'amour !

 

Des jugements différents portés sur les mêmes actes selon les personnes qui les accomplissent faussent la conscience  de   l'enfant.

 

D'une manière générale, il faut s'abstenir devant les enfants, de porter des jugements sévères contre qui que ce soit, comme on en porte trop souvent pour la seule raison que les personnes dont on parle ne vous sont pas sympathiques, qu'elles ne sont pas « des vôtres ». Leurs moindres travers, alors, paraissent des torts impardonnables. On ne fait pas attention que ce n'est pas la sottise en elle-même, le mal qu'on déteste, mais les personnes auxquelles on l'attribue. On ne prend pas garde que, faisant profession de vertu en manifestant la haine du moindre vice, on manque au contraire de la pre­mière vertu: l'amour d'autrui, la charité. Mais l'enfant sent, lui, de façon plus ou moins consciente, qu'il y a là confusion de quelque chose de bien et de quelque chose de mal; et sa conscience en est obscurcie.

 

Inversement, il faut s'abstenir de porter des ju­gements indulgents sur certaines erreurs, indulgents parce que ces erreurs proviennent de personnes avec lesquelles on a des liens d'affection ou d'in­térêt; de personnes qui vous « tiennent de près » pour une raison ou pour une autre.

 

Cette double manière de juger suivant les per­sonnesfausse nécessairement la conscience de l'en­fant, qui s'habitue à ne pas discerner le mal « tou­jours haïssable » de ceux qui le font.

 

Affection pour les parents, imitation des parents: C'est en faisant appel à l'amour naturel des enfants pour leurs parents que ceux-ci peuvent atteindre facilement et développer leur instinct du bien.

 

Mais nous voici à l'âge où la sensibilité, pénétrée d'intelligence et de raison, prend une forme moins restreinte. C'est le moment de faire appel, non plus seulement à un sentiment particulier, mais à des sentiments plus généraux, tels: l'amour du beau, l'enthousiasme, l'émotion morale. 

 

(A suivre)

 

[Extrait de : L’ÉVEIL de la CONSCIENCE.  Mme Laure Lefay-Alaux  (1939)]

 

 

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