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24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 10:49

TU ES NE POUR LE BONHEUR (7/16)

0393 croix[1]

CHAPITRE II RÈGNE DE LA RAISON   (Première partie)

En un monde où le cœur n'est pas plus gros que la tête, on peut s'attendre à toutes les catas­trophes.

 

Le malheur s'est installé solidement sur la terre depuis que la raison a pris la place du cœur dans la hiérarchie naturelle « aimer connaître sentir ». Horrible torsion ! Le milieu, le trait d'union, s'est hissé au sommet ! La raison divinisée ! Qu'a-t-elle donné, cette déesse Rai­son, l'idole de la Révolution ?

 

Dès le départ elle fut destructive parce que, dans son orgueil, elle se refusa à s'incliner devant le cœur qui a des raisons qui la dépassent infiniment.

 

L'intelligence a tant de couches, de la plus pro­fonde, au delà du physique — le cœur — jus­qu'à la couche en contact avec le physique — la raison —; confondre les deux, ce serait con­fondre l'océan avec le sel que déposent ses vagues sur les grèves. Or, c'est précisément ce que l'on fait depuis Descartes, père de la déesse Rai­son : on confond l'océan avec ce qu'il jette à la côte !

 

En fait, l'esprit moderne est fondé sur cette énorme confusion entre l'intelligence vive et la pensée incarnéeentre l'esprit et la lettre, entre le vivant et le mort.

 

Assurément, l'intelligence change de nature dès qu'elle va de son centre à sa périphérie. Par celle-ci, elle est en contact avec les sens. Elle est raison. Elle découvre la matière que les sens, sous tant de formes, lui livrent. Là, elle est donc, par définition, « matérialiste ». Si elle s'y fige, si elle ne remonte pas à son centre, la raison sera athée, sceptique, et prête à profaner ce centre même qui est sa source ! Elle se retourne ainsi contre elle-même et se noie dans le doute.

 

Hélas, les intellectuels modernes se maintiennent dans cette zone superficielle de l'intelligence.Où, nécessairement, il n'y a rien d'absolu ni de sacré. Où il ne peut y avoir du sacré !

 

Or, dans sa zone centrale, l'intelligence échappe au règne du « sensible », et donc au pro­fane et au relatif. Là, par son contact avec sa Source, elle touche au sacré, à l'absolu : là, l'in­telligence quitte le multiple et le temporel pour s'approcher de l'un et de l'éternel.

 

Malheur à l'intelligence qui reste à sa péri­phérie ! Elle deviendra la servante de l'action ! Et cela donnera une raison « fabricatrice » et « activiste ».

 

Agir, c'est choisir. On ferme une porte où on l'ouvre. On ne peut pas la fermer et l'ouvrir à la fois. Et pourquoi donc les actes s'excluent-ils réciproquement ? Eh bien, parce qu'ils ne peuvent faire autrement que de se soumettre à la « chair » ; à l'œuvre d'exclusion de cet ordre que nous livrent les sens et que nous nommons matière. Mais c'est parfait ! Seulement, si l'on impose cet ordre d'exclusion à l'intelligence, c'est alors la catastrophe ! Au lieu de mettre l'action au service de la pensée, elle mettra la pensée au service de l'action. Elle ne comprendra plus rien !Elle dégradera et pervertira la vie des hommes !

 

Cette néfaste soumission à l'action fera naître la «. DIALECTIQUE ». Ainsi naît cette logique que j'ai appelée dans mes autres ouvrages, la logique à une dimension. Parce qu'elle choisit toujours l'un des termes des dilemmes humains et rejette l'autre dans les ténèbres. Ainsi elle choisira, par exemple, l'individu et rejettera la société dans les ténèbres ; ou, inversement, elle choisira la société et rejettera l'individu dans les ténèbres ! L'individu infini et l'État zéro ! Ou l'individu zéro et l'État infini !...

 

Cette logique d'exclusion engendre la guerre des idées. Chaque idée, jouant à l'absolu, veut dévorer son opposée. Logique de l'homme mo­derne qui organise l'antagonisme. Logique qui n'est point la sienne : il l'a empruntée. Au royaume de la matière morte. Au Prince de ce monde. Au roi de la Discorde qui mène ce monde ! Depuis trois siècles en particulier. Depuis qu'il a quitté la logique chrétienne.

 

Car pour le chrétien, en vérité, l'union des deux termes se fait à l'aide d'un troisième, à l'aide d'une étincelle, comme l'oxygène et l'hydro­gène deviennent de l'eau par une étincelle élec­trique. Cette étincelle, c'est l'amourCette union amoureuse des extrêmes, c'est bien elle qui engendre chez l'individu, la paix de l'âme ; et dans la société, des institutions saines, des « corps intermédiaires » qui unissent l'individu à l'État,

 

Le fait incroyable pour la raison : l'Incarna­tionElle ne peut admettre l'impensable union du fini et de l'infini, la négation absolue des contraires qui s'excluent.

 

Logique qui favorise la rencontre et l'union des extrêmes. Logique chrétienne qui seule, peut trouver la solution des problèmes rationnelle­ment sans solutionLogique de la Croix qui réside dans la rencontre de ses deux directions perpendiculaires : l'union des contraires ! Qui se tient au-dessus des alternatives et de toutes les dialectiques ! Qui réconcilie tout par un troi­sième terme, le MEDIATEUR : « Celui qui fait des deux un » (saint Paul) il unit l'éternel et le temporel, l'esprit et la chair, le social et l'indivi­duel, le libre et le déterminé, la cité de Dieu et la cité de César !

 

Logique trinaire des Évangiles. Seule logique qui peut nous faire retrouver l'harmonie et le bonheur de vivre !

 

                                                                 ***

 

Loi générale : toutes les doctrines qui rompent avec la logique chrétienne se retournent contre leur propre but, puisqu'un extrême appelle l'autre extrême.

 

Doctrines qui prennent la Souffrance par les cheveux et la lancent d'un mur à l'autre à tra­vers deux cents ans !

 

Catastrophe de l'Occident déchristianisé : parti en un « élan sublime » pour la liberté, l'éga­lité et la fraternité, il trébuche et se casse le nez sur l'esclavage, l'inégalité et la haine. « En séparant la fraternité de la charité chré­tienne, la démocratie, loin d'être un progrès, constitue un recul effarant pour la civilisation » (saint Pie X, Lettre sur le Sillon).

 

L'homme sur qui pourrait briller encore un reflet de la lumière divine est disparu : ce n'est plus l'homme personnel en chair et en os, c'est l'homme collectif sans âme et sans visage... C'est la masse, c'est le nombre ! Dont on proclame les « Droits » — aussitôt méprisés ! Dont on pro­clame la « liberté » — aussitôt foulée aux pieds ! Quel enchantement d'assurer ainsi le bonheur des gens, de les faire vivre des jours filés d'or et de soie !

 

Culte de la Raison : « Notre Mère qui êtes sur la Terre ! » Que nous a-t-elle donné ? Elle nous offre à présent le matérialisme dialectique du marxisme, châtiment inéluctable du capita­lisme : « Réalisation parfaite de tout ce que la démocratie et le capitalisme contiennent en puis­sance bien que pas encore en acte » (Malynsky). Gog et Magog ! Père et fils ! Malheur sur malheur !

 

Et c'est, à l'heure présente, en effet, le double malheur des hommes : écrasés par une poignée de potentats hypocrites en Occident, cyniques en Orient.

 

 « La dictature n'est qu'une démocratie en­ragée... »

 

Pour rendre aux peuples la joie de vivre, on ne peut donc lutter sous la bannière des démo­craties ; et encore moins sous la bannière de la nouvelle religion d'Orient : elle est née de l'accouplement de la Raison Laïque et du Veau d'Or. Joli couple...

 

Elle exalte même les vices de ses parents : la Raison méprise ici tout amour comme une fai­blesse ; et le Veau d'Or, peint en rouge, devient capital d'État, maître sanguinaire, dieu honoré par des millions de fidèles avilis, dévalués, sacri­fiés !

 

Le marxisme : la doctrine du Malheur absolu et total.

 

On ne supprime pas l'absolu, on le déplace ; hier, c'était « les droits de l'Homme », aujour­d'hui, « les droits de l'État »... tous ces « abso­lus » dans lesquels les partis politiques vivent depuis cent ans et qui ont causé tant de ravages !

 

Car si le pouvoir ne vient pas de Dieu mais des hommes, on arrive au cri de Danton : « Nous ne pouvons gouverner qu'en faisant peur ! » D'où la Terreur et les effroyables massacres de toutes les révolutions.

 

La déesse Raison prend un caractère de plus en plus sinistre à mesure qu'elle s'enfonce vers l'Est. La Russie de 1917 fut l'exaltation de la France de 1793, et la Chine actuelle dépasse en horreur tout ce qui s'est passé en Russie.

 

Comment expliquer que les promesses de 1793 vivent encore dans l'esprit du peuple français,lorsque chaque fois qu'elles furent mises à l'épreuve, elles se révélèrent toujours décevantes et se changèrent même rythmiquement en un enfer insupportable ? (De l'affermissement des Bourbons à la Révolution, le territoire fut inviolé. A partir de la Révolution, incur­sions de plus en plus graves : 1792, 1814, 1815, 1870, 1914, 1940, 1945... L'Invasion prochaine sera définitive si aucune rénovation n'intervient. Cela est voulu par un régime que la France a reçu de son Ennemi, la maçon­nique Angleterre, qui lui a imposé le culte de la déesse Raison, la violation la plus grave de la nature humaine.).

 

Pourquoi après quinze Constitutions invi­vables, la République laïque, proclamée une fois de plus en 1958, menace ruine en si peu de temps ? Pourquoi le peuple français ne voit rien, ne comprend rien à cette ruine ?

 

Parce que le culte de la Raison, s'en prenant à l'Église et à la Monarchie, à cause de son intime union avec elle, a ruiné l'intelligence vive de ce peuple, de ce pauvre peuple de France qui s'y est laissé envoûter et priver de cette logique chré­tienne à trois dimensions qui fit ses institutions, sa force et son rayonnement dans le monde.

 

Il faut bien croire que les Français, en reniant la Croix, ont perdu leur faculté de raisonner, de relier les causes à leurs effets : n'ont-ils pas reçu avec de pieuses acclamations — et deux fois en quinze ans ! — le régime qui fut la cause des désastres de leur pays ? Ne continuent-ils pas à se laisser mener vers d'autres désastres par les trois Internationales, la maçonnique et ses succursales, la socialiste et la marxiste ?

 

On mesure le degré d'hébétude du Français moyen à son incapacité de voir l'ombre de Luci­fer se profiler derrière les princes qui le gou­vernent.

 

La haine du Christ, et donc de la Fille aînée de l'Église, reste quel que soit le matricule de la République.

 

L'anticatholicisme est le fond véritable de l'esprit jacobin : extirper à long terme la Croix en faisant de la religion chose privée, en deçà de la société, hors de l'État ! Tel est le plan, aussi certain, mais moins avoué que celui de l'État soviétique en face du christianisme...

 

Dieu de poche : on le sort à la maison, on le rentre honteusement au forum.

 

Les hommes de la Révolution tiennent captive l'âme chrétienne de la France et la plongent dans une puante correction et une incertitude perpétuelle.

(Depuis le scandale de Panama, l'histoire des Répu­bliques n'est qu'une chaîne ininterrompue de scandales qui éclatent comme des abcès.)

 

« Écartant Dieu, l'État s'érige en source des droits de l'hommeC'est un renversement de l'ordre voulu de Dieu, qui conduit au désordre et à la guerre.» (Pie XII, 28 août 1947). Cela est vrai pour la France à partir de 1789 et encore plus depuis qu'elle a introduit le mot « laïque » dans la Constitution du 27 octobre 1946 : elle n'a pas cessé d'être en guerre, de perdre par lambeaux son Empire et de se diriger vers de nouveaux malheurs.

 

Coups de sonde dans l'abîme : pêche aux monstres qui enlacent sous les eaux glauques, la Fille aînée du Christ, la Bergère des nations...

 

A SUIVRE

 

[Extrait de : TU ES NÉ POUR LE BONHEUR   Œuvre de Paul Scortesco  (1960)]

 

 

36.St.Silouane.l.Athonite.jpg

Seigneur, Seigneur,

accorde la force de ta grâce à tous les peuples afin qu’ils te connaissent par le Saint Esprit et te louent dans la joie puisque à moi impur et misérable tu as donné la joie de te désirer.

 

 

(Saint Silouane)

 

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