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8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 05:53
Corps du Christ et Eucharistie (St Augustin)

Par Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 272 ; éd. des Mauristes 5, 1103-1104 (Delhougne, Les Pères commentent p. 81-82)

Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes


Ce que vous voyez sur l'autel de Dieu, c'est le pain et la coupe : c'est cela que vos yeux vous signalent.

Mais ce dont votre foi veut être instruite, c'est que ce pain est le corps du Christ, que cette coupe est son sang.

Cela tient à une brève formule, qui peut suffire à la foi.

Mais la foi cherche à s'instruire.

Comment ce pain est-il son corps, et cette coupe, ou plutôt son contenu, peut-il être son sang ?


Mes frères, c'est cela que l'on appelle des sacrements :

-ils montrent une réalité, et en font comprendre une autre.

Ce que nous voyons est une apparence corporelle, tandis que ce que nous comprenons est un fruit spirituel.

Si vous voulez comprendre ce qu'est le corps du Christ, écoutez l'Apôtre, qui dit aux fidèles :

-« Vous êtes le corps du Christ, et chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps » (1Co 12,17).

Donc, si c'est vous qui êtes le corps du Christ et ses membres, c'est votre mystère qui se trouve sur la table du Seigneur, et c'est votre mystère que vous recevez.

A cela, que vous êtes, vous répondez :

-« Amen », et par cette réponse, vous y souscrivez.

On vous dit :

-« Le corps du Christ », et vous répondez « Amen ». Soyez donc membres du corps du Christ, pour que cet Amen soit véridique.


Pourquoi donc le corps est-il dans le pain ?

Ici encore, ne disons rien de nous-mêmes, écoutons encore l'Apôtre qui, en parlant de ce sacrement, nous dit :

-« Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps » (1Co 10,17).

Comprenez cela et soyez dans la joie :

-unité, vérité, piété, charité !

« Un seul pain » :

-qui est ce pain unique ?

« Un seul corps, nous qui sommes multitude ».

Rappelez-vous qu'on ne fait pas du pain avec un seul grain, mais avec beaucoup.

Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes.

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7 juin 2015 7 07 /06 /juin /2015 05:21
Ancienne hymne eucharistique

Ancienne hymne eucharistique

pour le Samedi saint
[Borgia, Frammenti eucaristici antichissimi, p. 46-50 (trad. Hamman, Prières des premiers chrétiens, DDB 1981, p. 162) ]

« Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, répandu pour la multitude »


Aujourd'hui, nous avons contemplé sur l'autel notre Seigneur Jésus Christ.

Aujourd'hui, nous nous sommes nourris du charbon de feu, à l'ombre duquel chantent les Chérubins (Is 6,2s).

Aujourd'hui, nous avons entendu la voix puissante et douce nous dire :


Ce corps brûle les épines des péchés, il illumine les âmes des hommes.

Ce corps, la femme avec des pertes de sang l'a touché et elle a été délivrée de son infirmité.

Ce corps, à sa vue, la fille de la Cananéenne a été guérie.

Ce corps, la pécheresse s'en est approchée de toute son âme et elle a été délivrée de la fange de ses péchés.

Ce corps, Thomas l'a touché, il l'a reconnu en poussant ce cri : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Ce corps, grand et très haut, est le fondement de notre salut.


Autrefois celui qui est le Verbe et la Vie nous a déclaré :

« Ce sang a été versé pour vous et livré pour la rémission des péchés ».

Nous avons bu, bien-aimés, le sang saint et immortel.

Nous avons bu, bien-aimés, le sang qui a coulé du côté du Seigneur,

qui guérit toute maladie, qui libère toutes les âmes.

Nous avons bu le sang par lequel nous avons été rachetés.

Nous avons été achetés et instruits, nous avons été illuminés.

Regardez, frères, quel corps nous avons mangé !

Regardez, enfants, quel sang nous a enivrés !

Regardez l'alliance conclue avec notre Dieu, de peur de rougir, au jour terrible, au jour du jugement (cf 1Co 11,29).


Qui est à même de glorifier le mystère de la grâce ?

Nous avons été jugés dignes de participer au don.

Gardons-nous jusqu'à la fin, pour entendre sa voix bienheureuse, douce et sainte :

« Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous » (Mt 25,34)...


Bien-aimés, nous célébrons les merveilles du baptême de Jésus (cf Mc 10,38),

sa sainte et vivifiante résurrection,

par laquelle le salut a été donné au monde.

Nous en attendons tous l'heureux accomplissement,

dans la grâce et la bienveillance de notre Seigneur Jésus Christ :

à lui sont la gloire, l'honneur et l'adoration.

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6 juin 2015 6 06 /06 /juin /2015 04:07
L’Eglise orthodoxe de Russie sera-t-elle l'un des derniers remparts contre le détournement "LGBT" de l’Évangile?

Le 17 mai 2015, le Synode de l’Église protestante Unie de France autorisait la bénédiction des « unions homosexuelles » que refusent les Eglises authentiquement Orthodoxes et les Eglises "Évangéliques".

Pour sa part, l’Église orthodoxe de Russie:

» a accueilli ces décisions des églises protestantes d’Écosse et de France avec une profonde déception, dans la mesure où elles sont incompatibles avec les normes de la morale chrétienne.

Nous constatons que de nouvelles divisions sont intervenues dans le monde chrétien, non seulement sur le plan théologique, mais aussi concernant la morale.

S’appuyant fermement sur une position découlant de l’Écriture Sainte, l’Église orthodoxe russe déclare en conséquence l’inadmissibilité des nouveautés susmentionnées dans la doctrine morale et est forcée de réexaminer le format de ses relations avec les églises et les communautés violant les principes de la morale chrétienne traditionnelle.

Ainsi, en 2003, l’Église orthodoxe russe a suspendu ses contacts avec l’Église épiscopales des États-Unis, cette église ayant consacré évêque un homosexuel notoire.

Des raisons semblables ont motivé la rupture des relations avec l’Église de Suède en 2005, qui avait alors décidé d’autoriser la bénédiction des unions homosexuelles.

(…)

S’appuyant sur les décrets du Concile épiscopal [orthodoxe russe] de 2008 affirmant que « l’avenir des relations avec de nombreux communautés protestantes dépend de leur fidélité aux normes de la morale évangélique et apostolique, conservées par les chrétiens durant des siècles », et sur ceux du Concile épiscopal de 2013, qui estime « impossible le dialogue avec les confessions qui violent ouvertement les normes morales bibliques », le Département des relations ecclésiastiques extérieures ne voit plus de perspectives à la poursuite ultérieures de contacts officiels avec l’Église d’Écosse et l’Église protestante unie de France. »

Dieu merci, l'Eglise Russe tient le bon cap alors que tout se délite en Occident ...

Prions pour que sur ce point comme sur tant d'autre les chrétiens occidentaux, sous le fallacieux prétexte d'une "unité plurielle" qui certes souhaitable ne saurait faire l'économie du respect de la vérité et de l'amour véritable, ne s'avancent pas davantage sur le chemin de l'apostasie ...

Prions à cette intention nos Saints Martyrs de Syrie, d'Egypte, d'Iraq et de partout qui, aujourd'hui, versent leur sang pour le Christ et l’Évangile de Vérité, de Vie et de Paix.

Jusqu’à présent les divisions entre chrétiens se situaient au niveau théologique, tandis que sur le plan de la loi naturelle, c’est-à-dire de la morale, il n’y avait aucune différence.

La loi naturelle et la morale qu'elle implique étaient du reste des lieux de rencontre et d'unanimité avec nos frères Juifs, Musulmans et Bouddhistes.

L’Eglise orthodoxe de Russie sera-t-elle l'un des derniers remparts contre le détournement "LGBT" de l’Évangile?
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6 juin 2015 6 06 /06 /juin /2015 03:58
Du juste sens des choses et du bonheur chrétien (St Jean Chrysostome)

Par Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l'Église . Homélie sur la Deuxième lettre aux Corinthiens, 12, 4; PG 61, 486-487 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p.398)

« Réjouissez-vous ; soyez dans l'allégresse car votre récompense sera grande »


Seuls les chrétiens estiment les choses à leur vraie valeur, et ils n'ont pas les mêmes motifs de se réjouir et de s'attrister que le reste des hommes.

A la vue d'un athlète blessé, portant sur la tête la couronne du vainqueur, celui qui n'a jamais pratiqué aucun sport considère seulement les blessures qui font souffrir cet homme ; il n'imagine pas le bonheur que lui procure sa récompense.

Ainsi font les gens dont nous parlons. Ils savent que nous subissons des épreuves, mais ignorent pourquoi nous les supportons.

Ils ne considèrent que nos souffrances. Ils voient les luttes dans lesquelles nous sommes engagés et les dangers qui nous menacent.

Mais les récompenses et les couronnes leur restent cachées, non moins que la raison de nos combats.

Comme l'affirme saint Paul :

« On nous croit démunis de tout, et nous possédons tout » (2Co 6,10).


Pour ce qui nous regarde, quand nous sommes soumis à l'épreuve à cause du Christ, supportons-la vaillamment, bien plus, avec joie.

Si nous jeûnons, bondissons de joie comme si nous étions dans les délices.

Si l'on nous outrage, dansons allègrement comme si nous étions comblés d'éloges.

Si nous subissons un dommage, considérons-le comme un gain.

Si nous donnons au pauvre, persuadons-nous que nous recevons.

Avant tout, rappelle-toi que tu combats pour le Seigneur Jésus.

Alors tu entreras de bon cœur dans la lutte et tu vivras toujours dans la joie, car rien ne nous rend si heureux qu'une bonne conscience.

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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 16:22
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur »(Saint Bernard)

Par Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l'Église
Traité de l'amour de Dieu, ch. 8-10

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur »


Le premier et le plus grand commandement est celui-ci : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ».

Mais notre nature est faible ; en nous le premier degré de l'amour c'est de nous aimer nous-mêmes avant tout autre chose, pour nous-mêmes...

Pour nous empêcher de glisser trop sur cette pente, Dieu nous a donné le précepte d'aimer notre prochain comme nous-mêmes...

Or nous constatons que cela n'est pas possible sans Dieu, sans reconnaître que tout vient de lui et que sans lui nous ne pouvons absolument rien.

A ce deuxième degré donc l'homme se tourne vers Dieu, mais ne l'aime encore que pour soi et non pour lui...


Il faudrait cependant avoir un cœur de marbre ou de bronze pour ne pas être touché par le secours que Dieu nous donne quand nous nous tournons vers lui dans les épreuves.

Dans les épreuves il nous est impossible de ne pas goûter combien il est doux (Ps 33,9).

Et bientôt nous commençons à l'aimer plus à cause de la douceur que nous trouvons en lui qu'à cause de notre propre intérêt...

Quand nous en sommes là, il n'est pas difficile d'aimer notre prochain comme nous-mêmes...

Nous aimons les autres comme nous sommes aimés, comme Jésus Christ nous a aimés.

Voilà l'amour de celui qui dit avec le psalmiste : « Chantez les louanges du Seigneur, car il est bon » (Ps 117,1).

Louer le Seigneur non pas parce qu'il est bon pour nous, mais simplement parce qu'il est bon, aimer Dieu pour Dieu et non pour nous-mêmes, c'est le troisième degré de l'amour.


Heureux ceux qui ont pu monter jusqu'au quatrième degré de l'amour :

-ne plus s'aimer soi-même que pour l'amour de Dieu...

Quand est-ce que mon âme, enivrée de l'amour de Dieu, s'oubliant elle-même, ne s'estimant pas plus qu'un vase brisé, quand est-ce qu'elle s'élancera vers Dieu pour se perdre en lui et ne plus être qu'un seul esprit avec lui ? (1Co 6,17)

Quand pourra-t-elle s'écrier :

-« Ma chair et mon cœur sont consumés, Dieu de mon cœur, Dieu ma part pour l'éternité » (Ps 72,26) ?

Saints et heureux, ceux qui ont pu éprouver quelque chose de semblable pendant cette vie mortelle, même rarement, même une seule fois.

Ce n'est pas un bonheur humain, c'est déjà demeurer au ciel.

+++

La prière agréable au Seigneur

Priez nuit et jour.

Priez lorsque vous êtes heureux, et priez lorsque vous êtes triste. Priez avec crainte et tremblement, avec un esprit éveillé et vigilant, afin que votre prière soit agréable au Seigneur.

Car l'Écriture le dit, :

- "le Seigneur a les yeux sur les justes et tend l’oreille à leur prière" (1 Pi 3,12).
(Saint Théodore l'Ascète)

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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 16:20
Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson (Saint Colomban)

Par Saint Colomban (563-615), moine, fondateur de monastères .
Instruction spirituelle, 13, 2, 3 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 309 rev.; cf Orval)

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson »


Frères très chers, étanchez votre soif aux eaux de la source divine dont nous désirons vous parler :

-étanchez-la, mais ne l'éteignez pas ; buvez, mais ne soyez pas rassasiés.

La source vivante, la source de vie nous appelle et nous dit :

-« Celui qui a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive » (Jn 7,37).

Comprenez ce que vous buvez.

Que le prophète vous le dise et qu'elle vous le dise la source elle-même :

-« Parole du Seigneur, ils m'ont abandonnée, moi la source d'eau vive » (Jr 2,13).

C'est donc le Seigneur lui-même notre Dieu, Jésus Christ, qui est cette source de vie et c'est pourquoi il nous invite à venir à lui pour que nous le buvions.

Il le boit celui qui aime, il le boit celui qui se nourrit de la Parole de Dieu.

Buvons donc à la source que d'autres ont abandonnée.


Pour que nous mangions de ce pain, pour que nous buvions à cette source, il se dit « le pain vivant qui donne la vie au monde » (Jn 6,51) et que nous devons manger.

Voyez d'où coule cette source, voyez aussi d'où descend ce pain : c'est le même, en effet, qui est pain et source, le Fils Unique, notre Dieu, le Christ Seigneur, dont nous devons sans cesse avoir faim.


Notre amour nous le donne en nourriture, notre désir nous le fait manger ; rassasiés, nous le désirons encore.

Allons à lui comme à une fontaine et buvons-le toujours dans l'excès de notre amour, buvons-le toujours dans un désir toujours nouveau, prenons notre joie dans la douceur de son amour.

Le Seigneur est doux et bon.

Nous le mangeons et le buvons, sans cesser d'avoir faim et soif de lui, car nous ne saurions épuiser cette nourriture et cette boisson.

Nous mangeons de ce pain, nous ne l'épuisons pas ; nous buvons à cette source, elle ne tarit pas.

Ce pain est éternel, cette source coule sans fin.


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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 17:15
« Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants » ( Saint Anastase d'Antioche)

Par Saint Anastase d'Antioche (?-599), moine puis patriarche melkite d'Antioche
Homélie 5, sur la Résurrection ; PG 89, 1358 (trad. bréviaire rev.)

« Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants »

« Le Christ a connu la mort, puis la vie, pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants » (Rm 14,9) ; « Dieu n'est pas le Dieu des morts, il est le Dieu des vivants ».

Puisque le Seigneur des morts est vivant, les morts ne sont plus des morts mais des vivants ; la vie règne en eux, pour qu'ils vivent et ne craignent plus la mort, de même que « le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus » (Rm 6,9).

Ressuscités et libérés de la corruption, ils ne verront plus la mort ; ils participeront à la résurrection du Christ, comme lui-même a eu part à leur mort.

En effet, s'il est venu sur terre, jusqu'alors prison éternelle, c'est pour « briser les portes de bronze et fracasser les verrous de fer » (Is 45,2), pour tirer notre vie de la corruption en l'attirant à lui, et nous donner la liberté à la place de l'esclavage.


Si ce plan de salut n'est pas encore pleinement réalisé, car les hommes meurent toujours et leurs corps sont désagrégés par la mort, cela ne doit pas être un motif d'incroyance.

Déjà nous avons reçu les premiers fruits de ce qui nous est promis, en la personne de celui qui est notre premier-né... :

-« Avec lui, il nous a ressuscités ; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus » (Ep 2,6).

Nous atteindrons à la pleine réalisation de cette promesse lorsque viendra le temps fixé par le Père, lorsque nous dépouillerons l'enfance et serons parvenus « à l'état d'homme parfait » (Ep 4,13).

Car le Père éternel a voulu que le don qu'il nous a fait demeure ferme...

L'apôtre Paul l'a déclaré, car il le savait bien, cela arrivera à tout le genre humain, par le Christ, qui « transformera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux » (Ph 3,21)...

Le corps glorieux du Christ n'est pas différent du corps « semé dans la faiblesse, sans valeur » (1Co 15,43) ; c'est le même corps changé en gloire.

Et ce que le Christ a réalisé en amenant au Père sa propre humanité, premier exemplaire de notre nature, il le fera pour toute l'humanité selon sa promesse :

-« Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32).

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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 02:00
LA TRINITE: Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ! Amîn !

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ! Amen !

« Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ! Amen ! [1]» Cette formule qui nous est si familière nous est donnée pour la première fois par Jésus à la fin de l’Evangile de Saint Matthieu. Elle fonde notre foi dans la révélation inouïe d’un Dieu unique en trois personnes.

Quelle révélation et quel mystère !

En méditant le sens de cette parole j’avoue avoir été écrasé par le mystère de ces mots qui dévoilent à l’homme quelque chose de la vie et de l’être même de Dieu. Une phrase de Vladimir Lossky m’a rassuré :

-« La Trinité ne peut être saisie par l’homme, c’est elle qui saisit l’homme et suscite en lui la louange [2]».

Ainsi ayons déjà à l’esprit que chaque fois que spontanément monte en nous un chant d’allégresse vers Dieu, c’est la Sainte Trinité qui est à l’œuvre en nous.

Néanmoins dans ces moments privilégiés et trop rares où je sens en moi la présence de Dieu j’aurais bien du mal à prétendre que je distingue clairement la Sainte Trinité en moi : une douce présence vivante et aimante, oui ; la certitude que la grâce de Dieu est sur moi et en moi, encore oui ; mais qui est là ? Le Père, le Fils, le Saint Esprit ? Les trois ensembles ou un ange envoyé par Dieu ? Il m’est impossible de le dire.

Quand je prie il m’est naturel de m’adresser au Christ que je connais comme un ami proche. Je connais ses représentations, je connais les évènements de sa vie, j’entends sa voix quand j’écoute ou je lis ses enseignements et c’est par lui que j’ose dire « Notre Père qui est aux cieux ». Et si mon cœur s’échauffe dans la prière, si je ressens un temps de paix et de joie, j’ai l’impression que l’Esprit est bien là, présent en moi.

Voilà ma pauvre expérience de la Trinité mais par elle j’adhère avec confiance à l’enseignement de l’Eglise qui m’a transmis la révélation d’un Dieu unique en trois personnes et je crois de toute mon âme que quand nous prions Dieu en nous adressant au Père, ou au Fils, ou à l’Esprit, ou dans toute prière quelle soit personnelle ou non, ce sont les trois personnes divines qui sont présentes à notre âme.

Néanmoins puisque Dieu nous a donné l’intelligence nous pouvons essayer de dépasser cette expérience limitée et l’éclairer par une réflexion méditative sur le mystère de la Trinité.

Et d’abord interrogeons-nous : comment la formule « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » nous révèle l’unité de Dieu en trois personnes ?

On peut constater qu’il n’est pas dit : « au nom du Père, au nom du Fils et au nom du Saint Esprit ». L’action baptismale ne se fait pas en leur nom à chacun mais au non des trois comme un. Le Père, le Fils et le Saint Esprit sont bien à considérer dans leur unité tout en étant individuellement distincts.

Jean dans l’Apocalypse nous fait entendre la louange perpétuelle des quatre Vivants qui contemplent la face du Seigneur : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu, le tout Puissant, qui était, qui est et qui vient [3]».

Comme Dieu seul est saint nous pouvons dire ainsi : Saint est le Père et le Père est Dieu, Saint est le Fils et le Fils est Dieu, Saint est l’Esprit et l’Esprit est Dieu, et les trois sont un, Dieu.

Notre Dieu est un et trine. Pourquoi trine ? Il en est ainsi de toute éternité mais essayons quand même de comprendre.

Un Dieu unique qui serait uniquement un dans son essence, dans sa nature serait un être fermé sur lui-même, statique, immuable et impersonnel. Or notre Dieu est amour. Et il n’y a pas d’amour vrai s’il n’y a pas un autre que soi à aimer, à qui se donner totalement.

Et l’amour révèle la personne car il n’y a pas de personne s’il n’y a qu’un. Et sur le plan divin s’il y a vie il y a trois. Un est statique, deux oppose et divise, trois est relation, il rend égal chacun des trois dans un mouvement éternel de don total de l’un à l’autre.

Et ce don total est celui de la nature divine. Et s’il y a don total entre les trois personnes, il ne peut y avoir qu’une seule volonté.

Et il n’y a pas partage de la nature divine une en trois personnes sinon nous aurions trois dieux mais une communion de trois personnes dans une même nature divine.

Retenons bien que l’être de la Trinité est une communion d’amour et c’est à cette communion qu’est appelé l’homme à participer.

Et chaque personne de la Trinité est totalement Dieu disposant chacune de toute la nature divine.

Pour l’amener à notre compréhension imaginons comme nous le suggère Saint Grégoire de Nazianze les trois personnes comme trois soleils distincts mais qui se compénètreraient l’un l’autre et qui auraient chacun en commun la lumière une[4].

Notre Dieu est un et trine, ayant une seule nature, un seul être spirituel, une seule volonté et trois personnes comme trois consciences distinctes.

Paul nous révèle un peu plus du mystère en affirmant :

« Car tout est de Lui, par Lui et en Lui [5]».

Cette phrase nous fait sentir ce qui peut distinguer les personnes divines.

Cette distinction n’est pas un attribut de la personne mais c’est ce qui la fait être, ce qui est son existence propre. Le Père est source, tout est « de Lui » ; le Fils est manifestation, tout est « par Lui » ; l’Esprit est communication, tout est participable « en Lui ».

Et nous pouvons grâce à cette grille de compréhension même si elle est grossière approcher de la structure trinitaire qui sous-tend tout ce qui est de Dieu.

Ainsi le nom de Dieu Sagesse : le Père est la source de la Sagesse, le Fils est la Sagesse, l’Esprit la force qui nous communique la Sagesse ou l’autre nom de Dieu Vérité :

-le Père est le Vrai, le Fils la Vérité et l’Esprit la puissance de Vérité.

Sur le plan divin les trois sont simultanément Père, Fils et Esprit de toute éternité.

Mais sur le plan du créé si l’action de Dieu est bien trinitaire nous la percevons dans le temps comme une suite d’actions des trois personnes divines dont l’ordre varie selon ce qui est en jeu.[6] J’en citerai deux parmi les six que je pourrais commenter.

La suite « Père, Fils, Esprit » caractérise par exemple le dévoilement progressif de Dieu aux hommes ; d’abord comme Dieu unique et créateur, puis comme Dieu qui s’incarne et se manifeste, enfin comme Dieu qui purifie et sanctifie en communicant sa divinité.

La suite « Esprit, Père, Fils » caractérise le processus par lequel l’homme peut devenir par grâce Fils de Dieu dans le Christ ressuscité. C’est la réalisation de la parole de Paul

« Vous avez reçu l’Esprit d’adoption par lequel nous crions « Abba », Père [7]»

Enfin je ne peux terminer sans vous parler de l’homme et de sa relation à la Sainte Trinité.

Dieu nous a créé par un débordement d’amour pour que s’instaure éternellement une relation personnelle entre Lui et nous, entre les trois personnes divines et chacune de nos personnes.

Ce dessein de Dieu pour l’homme était antérieur à la chute.

Adam possédait à sa création une nature unique, une seule volonté et la potentialité de la multitude des personnes humaines voulues par Dieu.

« Qu’est-ce qu’une personne, dit Olivier Clément, sinon un visage donnée à la matière du monde[8] ».

Adam a reçu comme un sceau l’image de la Trinité et son destin était d’atteindre à la ressemblance c’est-à-dire de faire advenir les personnes humaines libres de tout conditionnement, des consciences pures hors du temps et de l’espace, et dont l’existence propre est d’entrer librement dans la communion d’amour de la Sainte Trinité en donnant ainsi à la nature du créé tout entier le visage du Fils.

En refusant d’adhérer au projet de Dieu Adam a détruit l’unité de la nature créée faisant advenir non pas des personnes mais des individualités, combinaison uniques d’éléments dépendant de cette même nature et vouées à disparaître dans le néant.

A la suite de la résurrection du Christ, Dieu-homme, l’Esprit pénétrant chaque homme lui donne la possibilité s’il l’accepte d’unir sa libre volonté à celle de Dieu pour accomplir la ressemblance c’est-à-dire devenir une personne en communion éternelle avec la Sainte Trinité et ce faisant d’entraîner toute la création dans la gloire de la divinisation ainsi que le prophétise Paul « le monde lui-même sera libéré un jour du pouvoir destructeur qui le tient en esclavage et (qu’) il aura part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu[9] ».

Ce que résume dans une brillante synthèse le mystique rhénan Jean Tauler :

-« Ainsi l’homme …dans le Fils, naît du Père et reflue dans le Père avec le Fils devenant un avec lui … Le Saint Esprit se répand alors … et il inonde et pénètre le fond de l’homme avec ses aimables dons … Puissions-nous tous atteindre ce fond où nous trouverons la véritable image de la Sainte Trinité[10] ».

« Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit soient toujours avec vous [11]» Amen !

Auteur et source:

Marc Guichard

(Autres homélies en ligne)

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2 juin 2015 2 02 /06 /juin /2015 17:58
Le disciple bien formé sera comme son maître (Saint Cyrille d'Alexandrie )

Par Saint Cyrille d'Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l'Église
Commentaire sur l'évangile de Luc, 6 ; PG 72, 601 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 402 rev.)

Le disciple bien formé sera comme son maître


« Le disciple n'est pas au-dessus de son maître.

Il sera parfait s'il est comme son maître ».

Les bienheureux disciples étaient destinés à devenir les guides et les maîtres spirituels de la terre entière.

Ils devaient donc faire preuve, plus que les autres, d'une ferveur remarquable, être familiarisés avec la manière de vivre selon l’Évangile et entraînés à pratiquer toute œuvre bonne.

Ils auraient à transmettre à ceux qu'ils instruiraient la doctrine exacte, salutaire et strictement conforme à la vérité, après l'avoir d'abord contemplée eux-mêmes et avoir laissé la lumière divine éclairer leur intelligence.

Sans quoi, ils seraient des aveugles conduisant d'autres aveugles.

Car ceux qui sont plongés dans les ténèbres de l'ignorance ne peuvent pas conduire à la connaissance de la vérité les hommes souffrant de cette même ignorance.

Le voudraient-ils d'ailleurs, qu'ils tomberaient tous ensemble dans l'abîme de leurs tendances mauvaises.

C'est pourquoi le Seigneur a voulu arrêter le penchant à la vantardise que l'on trouve chez tant de gens, et les dissuader de rivaliser avec leurs maîtres pour surpasser leur réputation.

Il leur a dit :

-« Le disciple n'est pas au-dessus de son maître ».

Même s'il arrive à certains d'atteindre un degré de vertu égal à celui de leurs prédécesseurs, ils devront surtout imiter leur modestie.

Paul nous en donne la preuve quand il dit :

-« Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ » (1Co 11,1).

Cela étant, pourquoi juges-tu, alors que le Maître ne juge pas encore ?

Car il n'est pas venu juger le monde (Jn 12,47), mais lui faire grâce.

« Si je ne juge pas, dit-il, ne juge pas non plus, toi qui es mon disciple.

Il se peut que tu sois plus coupable que celui que tu juges.

Qu'as-tu à regarder la paille dans l'œil de ton frère ? »


+++

Quelle âme pour connaître le Christ?
(Evagre)

La connaissance du Christ ne requiert pas une âme intellectuelle, mais une âme capable de voir, contemplative.
(Evagre le Pontique)

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2 juin 2015 2 02 /06 /juin /2015 11:14
VRAI ET FAUSSE ECOLOGIE. L’EXPÉRIENCE ASCÉTIQUE A-T-ELLE UN RAPPORT AVEC LA PRÉOCCUPATION ÉCOLOGIQUE ?/ POURQUOI LE JEÛNE A-T-IL TELLEMENT D’IMPORTANCE POUR LES CHRÉTIENS DE L’EGLISE ORTHODOXE ?
VRAI ET FAUSSE ECOLOGIE. L’EXPÉRIENCE ASCÉTIQUE A-T-ELLE UN RAPPORT AVEC LA PRÉOCCUPATION ÉCOLOGIQUE ?

La souffrance des créatures est de notre responsabilité. La perspective de la destruction irrémédiable des ressources naturelles ne laisse personne indifférent.

Le chrétien n’est pas fataliste :

-le monde n’est pas gouverné par un destin aveugle ; il est aimé par son Créateur et il est marqué par le signe de la Croix – croix de douleur et croix de joie.

 

Nous savons que la convoitise humaine est peut-être le motif principal de la souffrance des créatures et de leur destruction.

Le consumérisme exprime l’amour du plaisir égoïste qui fait sacrifier les autres à soi-même.

Il transforme les êtres en objets, objets de jouissance, de pouvoir et de profit ; il ne voit plus dans leur transparence la présence de la personne divine ou humaine.

 

Devant la souffrance des créatures, le croyant peut ressentir l’appel venu du saint Esprit à se repentir, en suivant l’exemple du Christ, des Pères du désert et des saints chrétiens.

Il ne fait pas le procès des autres. Il cherche à extirper de son propre cœur le désir effréné de jouir et toutes les passions mortifères pour lui-même, pour autrui et pour toutes les créatures.

En cela, le jeûne, accompagné certes de la prière de repentir – « aie pitié de moi, pécheur ! » – est la réponse chrétienne à l’agonie de la Création, victime de l’exploitation frénétique d’un Adam déchu qui a perdu toute sagesse.

L’abstinence de certains aliments, le renoncement à l’acquisition de produits naturels qui appauvrissent le trésor de la planète, sont précisément sages.

Ils peuvent être la source du courage dont l’humanité actuelle a besoin pour faire certains choix, qui seront d’ailleurs des choix politiques.

 

Le jeûne ascétique, et la prière de repentir, ne doivent pas être l’expression de notre peur de la mort ou de l’appréhension, consumériste encore, de manquer !

Une fausse écologie est celle qu’inspire la peur d’être privé du plaisir que l’on cherche.

Le chrétien est appelé à une conversion par amour pour la Création de Dieu, par responsabilité à son égard, par la conscience sacerdotale, royale et prophétique que le Créateur lui a donnée au Paradis.

(Source: Sagesse Orthodoxe")

VRAI ET FAUSSE ECOLOGIE. L’EXPÉRIENCE ASCÉTIQUE A-T-ELLE UN RAPPORT AVEC LA PRÉOCCUPATION ÉCOLOGIQUE ?/ POURQUOI LE JEÛNE A-T-IL TELLEMENT D’IMPORTANCE POUR LES CHRÉTIENS DE L’EGLISE ORTHODOXE ?

POURQUOI LE JEÛNE A-T-IL TELLEMENT D’IMPORTANCE POUR LES CHRÉTIENS DE L’EGLISE ORTHODOXE ?

Le jeûne, pour Israël, est surtout un rite pénitentiel, en relation avec l’Alliance :

-l’infidélité à celle-ci est un péché ; le repentir la restaure.

Il apparaît dans la Bible comme l’expression d’un profond repentir.

Par exemple, le roi Achab, sous les reproches du prophète Elie, jeûna :

-« Quand Achab entendit ces paroles, il déchira ses vêtements, mit un sac à même sa chair, jeûna, coucha avec le sac et marcha à pas lents » (1Rois 21, 27 ; cf. Sam.7, 6 ; Joël, 1, 13-15).

Le jeûne est lié à la supplication. L’Israélite pieux ne concevait pas une prière instante sans le soutien du jeûne (cf. Judith, 4, 9-13).

Le peuple ou l’Israélite fidèle implore, en jeûnant, la délivrance d’une épreuve à caractère de châtiment.

Plus largement, il s’agit « d’humilier son âme » pour exprimer une attitude d’abandon total et confiant ; le jeûne est « le comportement typique de quiconque ne compte plus que sur le seul secours de Dieu » (Rd Père Regamey, Redécouverte du jeûne, Paris, 1959). Le jeûne peut ainsi devenir le signe d’une intercession instante pour autrui (Ps.35, 13).

Le croyant jeûne pour les autres, pour le monde.

Le jeûne joue à la fois le rôle d’une intercession pour l’homme ou le peuple pécheur, et celui d’une préparation à la rencontre de Dieu.

Pour exprimer son respect envers autrui, l’homme accepte de renoncer à ses aises et à ses plaisirs ; à plus forte raison, la crainte qui saisit la créature à l’approche de la majesté du Seigneur peut-elle inspirer le jeûne, à côté de l’enlèvement des sandales, du voile sur le visage, de l’abstinence sexuelle, de l’interdiction de toucher le lieu sacré ou d’en approcher.

Ces comportements symboliques face à la sainteté divine appartiennent à celui qui a le sens de l’unité profonde de son être humain, corps et âme, et le sens de la sainteté et de la transcendance de Dieu.

Les prophètes d’Israël, contre le formalisme et l’hypocrisie, ont fortement souligné la nécessité d’accompagner les sacrifices et les jeûnes de dispositions intérieures correspondantes, et d’accomplir les préceptes plus essentiels de l’amour du prochain et de la justice sociale (Os.6, 6 ; Is.58, 6-7).

« La prière est bonne avec le jeûne, et l’aumône vaut mieux que l’or et les trésors » (Tobie, 12, 8).

Ainsi est constituée la trilogie, jeûne, prière, aumône, dont héritera la tradition chrétienne.

Dans l’Eglise, le jeûne a un sens nouveau par rapport à la personne de Jésus et au don de l’Esprit :

-préparation à la joie pascale, conversion, participation à la Pâque du Christ, manifestation de l’amour de Dieu, préparation à la communion eucharistique.

(Source: "Sagesse Orthodoxe". D’après P. Placide, Humilier son âme par le jeûne, monastère Saint-Antoine-le-Grand, 2007).

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